Une étude menée sur des souris suggère que la naissance par césarienne est associée à un risque d’obésité dans le futur. La procédure empêcherait la transmission des microbes maternels à l’enfant nécessaires à son développement.
Des tests menés sur des souris
Jusqu’à tout récemment, on pensait que les bébés naissaient avec des intestins stériles exempts de bactéries. Mais nous savons maintenant que les intestins des nouveau-nés sont en fait déjà remplis de bactéries à la naissance et qu’au moins certaines d’entre elles proviennent du canal vaginal de la mère. Mais quelles sont les implications pour le nouveau-né ? Nous savons en effet que notre microbiome est impliqué dans toute une série de problèmes de santé. Une étude menée sur des souris pourrait d’ailleurs expliquer pourquoi les bébés nés en césarienne sont plus susceptibles de développer un surpoids, des allergies, ou encore de l’asthme au cours de leur développement.
Pour tenter d’y voir un peu plus clair, Maria Dominguez-Bello et son équipe de l’Université de New York ont pratiqué des césariennes sur 34 souris enceintes et ont comparé l’évolution des nouveau-nés comparée à celle de 35 bébés nés par voie naturelle. Il s’est avéré que quinze semaines après la naissance (l’âge adulte pour des souris), les rongeurs nés par césarienne étaient en moyenne 33 % plus lourds que ceux nés par voie vaginale. Les femelles semblaient par ailleurs particulièrement affectées puisque celles-ci étaient en moyenne 70 % plus lourdes. Les microbiomes étaient également différents entre les deux groupes de souris. À quatre semaines, les souris nées par césarienne présentaient en effet des niveaux plus bas de certaines espèces bactériennes. La structure du microbiome des souris nées par voie vaginale s’est quant à elle développée normalement au cours de l’étude.
Un lien entre césarienne et obésité
Des études épidémiologiques précédentes ont déjà suggéré des liens entre césarienne et risque accru d’obésité chez les humains. Les chercheurs avancent ici le fait que la césarienne pourrait interrompre la transmission des microbes maternels à la naissance et l’apprentissage qu’ils fournissent aux systèmes métabolique et immunitaire au début du développement. « Notre étude est la première à démontrer une relation causale entre la césarienne et l’augmentation du poids corporel chez les mammifères », explique Maria Dominguez-Bello. « Il est urgent de déterminer si le microbiome d’un bébé affecte le risque d’obésité dans le futur, car les césariennes sont de plus en plus utilisées par choix dans de nombreuses parties du monde ». Phillip Bennett, de l’Imperial College de Londres, n’est de son côté pas convaincu que les résultats peuvent forcément s’appliquer aux humains. Les souris ont une gamme diversifiée de bactéries vaginales, tandis que chez les humains, le microbiome vaginal est largement dominé par une seule souche.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la césarienne est nécessaire dans environ 15 % des naissances pour éviter de risquer la vie de la mère ou de l’enfant. Mais ce type d’accouchement est surutilisé en représentant près de 50 % des naissances dans certains pays incluant le Brésil, la République dominicaine et l’Iran selon les chercheurs.
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